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La Mine Image : lumière sur les « gueules noires »
Au pays matheysin, le musée de la Mine Image s’attache à retracer le destin des mineurs qui ont ici creusé la terre durant plusieurs siècles. L’histoire des « gueules noires » est restituée dans le dédale d’une véritable galerie et dans des espaces qui reconstituent fidèlement leur quotidien.
Exploitée dès le Moyen Âge, la mine de La Motte-d’Aveillans a réellement décollé vers l’industrialisation à la fin du XVIIIe siècle, au moment de l’Ancien Régime.
Napoléon 1er attribuera les concessions d’exploitation en 1806, assurant son formidable essor durant les XIXe et XXe siècles, et jusqu’à sa lente agonie à partir des années 1960. Avant sa fermeture en 1997 pour cause de changement de stratégie énergétique impulsé par l’État, le gisement de La Motte-d’Aveillans, comme tous ceux des environs, de La Mure, Prunières ou de Susville, a connu une activité intense.
À flanc de colline, le site exploitait le charbon à l’horizontale
Les chevaux pouvaient entrer dans les galeries pour récupérer les chargements. C’est cette particularité qui permet aujourd’hui au visiteur d’accéder facilement à l’intérieur d’une authentique galerie, sans éprouver le vertige d’une descente à-pic.
3 000 mineurs
Dominée par un bâtiment reproduisant fidèlement l’architecture minière de l’époque, la Mine Image invite le public à se replonger dans ce passé si loin, si proche.
Dans une première salle, un film retrace l’histoire minière. Il explique la géologie particulière des lieux et déroule les temps forts de cette longue épopée, assortis de témoignages sensibles.
On est frappé par l’attractivité économique que cette région bucolique exerçait alors :
« Les gens venaient des vallées reculées pour travailler ici. Et pour répondre à la demande de main-d’œuvre, il fallait aller chercher des gens en Pologne et en Italie » évoque Marc Guillot, le président de l’association qui gère le musée.
À son apogée, cette mono-industrie offrira du travail à plus de 3 500 personnes.
Émotion souterraine
Dans l’espace qui précède l’entrée dans la mine elle-même, le plafond est « décoré » de dizaines de vêtements et de paires de bottes suspendus ayant appartenu aux mineurs. Effet saisissant : c’est ainsi que les « gueules noires » rangeaient leurs tenues de travail, profitant de l’air chaud en hauteur pour les faire sécher tout en gardant de la place pour circuler en-dessous.
La visite de la galerie constitue un moment unique. Dans ce long dédale mal éclairé mais entièrement sécurisé, tout a été scrupuleusement respecté : le bruit des gouttes d’eau dans une ambiance humide, les outils et les machines pour l’exploitation du précieux minerai, les gestes des hommes eux-mêmes et parfois leurs enfants, représentés par des mannequins.
À la sortie, on reprend son souffle. Mais on reste ému par les salles de bains qu’utilisaient les mineurs au décrassage, et attendri par leur maison reconstituée. La Mine Image dévoile ainsi l’histoire de la vie des mineurs sur terre : la famille, le sport, le syndicalisme, une solidarité d’autant plus forte que les conditions de travail étaient pénibles et souvent dangereuses.
Portrait
« La Mine Image, c’est un beau projet collectif. Ça permet de ne pas oublier et d’être encore un peu ensemble. »
Alain Giovaresco Mineur au grand jour
Le petit train de La Mure passe ici
La Mine Image donne à voir à quel point l’industrie minière a refaçonné le village et nourri les relations entre les habitants. Surtout après l’arrivée du chemin de fer en 1888, quand les wagons remplacent les tombereaux de charbon à tirer dans la neige et la boue jusqu’à Grenoble.
Le train contribuera à l’intensification de l’exploitation minière. Et ce train historique a été remis sur les rails, grâce au Département de l’Isère.
Une offre complète avec un billet duo permet aujourd’hui de profiter à la fois d’un voyage dans un décor à couper le souffle et d’une découverte guidée de la Mine Image. Ce fameux « petit train de La Mure » dessert en effet directement le musée, avec un arrêt juste au-dessus de l’entrée.
Le charbon, catalyseur d’innovations
Difficile à allumer mais très puissant, ce charbon allait jusqu’à faire fondre les premiers poêles. Une entreprise locale, Villard, réussira à mettre au point des gazinières et des foyers adaptés. Le charbon inspire des innovations techniques et sociales.
Au milieu du siècle dernier, le mineur devient le premier ouvrier de France.
C’est à ce moment-là que le pays va lancer son programme nucléaire, encouragé par le plan Marshall et la construction européenne. Les premiers signaux d’alerte sont émis dès les années 1960, quand la concurrence tourne à l’avantage des charbons allemand et anglais, meilleurs marchés.
Le destin du charbon français est aussi noir que les traces qu’il laisse sur les visages des mineurs.
Une histoire poignante révélée
À La Motte-d’Aveillans, pourtant, on n’a pas complètement désarmé. Une poignée de personnes ont souhaité prolonger l’épopée et la faire partager.
« Les gens ont pris conscience que nous avons un territoire magnifique à montrer, façonné à la fois par le pastoralisme et l’activité minière. C’est ainsi qu’est née peu à peu l’idée du musée, qui attire un nombre croissant de personnes », se réjouit Marc Guillot.
Dormir dans un mazot au milieu des alpages
Terrasse ou jardin